Grande Loge Féminine de Belgique •
Vrouwengrootloge van België

 

Même pas peur (5/5) : Conclusion

Même pas peur (4/5) – Précarité

Voilà ce que nous avons rapporté de nos trois voyages au cœur du développement durable, du radicalisme et de la précarité… et nous aurions pu en faire tant d’autres… Ce qui en ressort clairement ? Un constat général :

On ne peut plus continuer comme ça : occulter les problèmes dans l’attente d’une solution miracle ; occulter les peurs, qui nous rattrapent et nous immobilisent. Il nous faut revoir nos façons d’être dans la nature et parmi les hommes, et modifier nos schémas mentaux … ce qu’il y a sans doute de plus difficile.

D’où naît une question : en avons-nous les capacités, les moyens ?

‘La plasticité cérébrale chez l’enfant’

Voyons d’abord du côté de nos schémas mentaux et de notre éducation.

Le nouveau-né humain est, parmi les mammifères, le plus inabouti ; il ne peut pas survivre sans les soins et la protection de son entourage, et cela pendant longtemps. En raison de cette immaturité, le cerveau du petit enfant est doté d’une plasticité extraordinaire. Le milieu et l’éducation ont donc une influence déterminante sur son développement, et dès lors sur la construction et le devenir de chaque individu.

De quoi un enfant a-t-il besoin ?

  • de racines : appartenir à un groupe restreint qui le reconnaît comme faisant partie des siens et l’accueille avec une bienveillance heureuse…
  • et d’ailes : un regard aimant et confiant qui croit en lui, qui l’encourage à mettre en œuvre ses ressources pour se développer et grandir…

En lui faisant confiance, le parent apporte trois choses à son enfant : l’estime de soi, la confiance en soi, la confiance en les autres. Ces trois qualités sont fondamentales pour oser, expérimenter, participer, s’engager. Mais si par contre, au lieu du regard confiant qui peut donner des ailes, l’adulte fige l’enfant dans un regard de peur – peur de l’accident, de l’échec, peur de l’inconnu, de l’avenir, peur de manquer… – celui-ci va se replier sur lui-même et ne trouvera pas en lui la motivation pour avancer.

La peur fait partie de la vie. Enfants et adultes, nous pouvons apprendre à gérer nos peurs ; à reconnaître et dépasser nos fragilités avec bienveillance ; à ouvrir et pacifier notre vie intérieure et nos relations aux autres.

Des techniques existent, des méthodes, comme la méditation, la pleine conscience, la communication non violente… Les neurosciences étudient et montrent leur efficacité, leurs bienfaits. Alors pourquoi ne pas en généraliser la pratique, dans cette époque qui exige de nous tant d’adaptabilité, de créativité et de capacité collective ? Qu’attendons-nous ?

Voyons maintenant du côté du participatif, de ceux qui sont déjà en route.

Dans les trois domaines que nous avons explorés, nous avons constaté que des gens, après avoir exercé ensemble leur pensée critique sur ce qui est, se lancent ensemble pour essayer de changer les choses. Pour cela il faut de la confiance, la liberté d’oser des voies nouvelles, et la capacité d’échanges pacifiés.

Tous ceux qui s’unissent dans ces projets alternatifs concrets affirment, en plus d’y apprendre beaucoup, y trouver deux choses fondamentales et qui manquent aujourd’hui : plus de lien et plus de sens. Ce qui permet de dépasser l’impuissance et la peur.

On peut qualifier leur action de citoyenne, politique, au sens beau et large du terme, et elle atteste, nous semble-t-il, du besoin de plus de démocratie participative dans nos démocraties représentatives.

Et la franc-maçonnerie dans tout ça ? La franc-maçonnerie nous inscrit dans une dynamique de confiance donnée et reçue. Dans un groupe, dans des valeurs partagées, dans un projet commun. Elle nous situe dans une tradition, une histoire, une appartenance. Elle est lien et sens. Par tout cela, elle nous donne le devoir et la liberté d’oser penser, sans trop d’angoisse, et d’oser agir. Elle nous apprend à le faire ensemble. Elle nous donne des racines, pour prendre la juste mesure de nos peurs, et des ailes pour les dépasser.

FIN

20190422-18