Même pas peur (2/5) – Développement durable
Le terrorisme. Violence aveugle. Irruption de l’insécurité. Peur.
Aujourd’hui, des jeunes gens qui ont grandi parmi nous se perdent dans des idéologies extrémistes et des actions terroristes dont leurs concitoyens sont les victimes.
Plutôt que s’enfermer dans la peur, comment comprendre, et que faire ?
Les causes et les modalités de la radicalisation sont multiples.
Le facteur idéologico-religieux n’explique pas tout. La radicalisation trouve son origine dans la vie de tous les jours.
Elle se fait souvent de façon progressive : les jeunes concernés cessent de fréquenter leurs copains, les salles de sport ; les éducateurs de rue ne les voient plus. Ils dissimulent leurs nouvelles relations et poursuivent leur radicalisation sur le net, isolés par rapport à leur famille mise soudain devant le fait accompli. Il y a aussi la « radicalisation-éclair » qui émerge aujourd’hui. Personne n’a rien vu venir, et il est trop tard pour réagir.
Pourquoi ces jeunes se laissent-ils embrigader ? La construction de leur identité est fragile. Ils fuient parfois une situation problématique, des dettes ou des faits de délinquance.
Les recruteurs leur proposent une nouvelle identité qui signe leur appartenance à une nouvelle famille : le djihadisme. L’endoctrinement leur inculque une vision binaire du monde, qui déshumanise « l’ennemi » et conduit à des actes d’extrême violence sans état d’âme aucun.
Une fois partis pour Daesch, il leur est très difficile de revenir ; ceux qui y parviennent sont arrêtés, jugés et incarcérés. Puis commence le difficile processus de réinsertion. Certains, soutenus par la cellule de désengagement, témoignent dans les écoles, dans le cadre d’une politique de prévention.
Si on observe aujourd’hui une diminution des départs pour Daesch, les terroristes qui s’en revendiquent prennent la forme « d’électrons libres », ici parmi nous, très difficiles à repérer, et d’autant plus dangereux.
La prévention à et le désengagement de la radicalisation doivent prendre en compte tous ces facteurs.
Comment réagir à cette problématique au niveau de la collectivité ?
Une première réponse consiste à renforcer la cohabitation entre les différentes communautés.
Développer la participation des jeunes à la vie locale.
Organiser un enseignement local mixte, valorisant et participatif.
Renforcer les lieux et les événements de rencontre, les projets participatifs et lacommunication.
Dans sa volonté de cohésion sociale, il est impressionnant de voir le nombre d’activités déjà mises en place par exemple par la commune de Molenbeek, et qui mobilisent une équipe multiculturelle de plus de 30 personnes.
Parmi celles que propose la maison des Cultures et de la Cohésion sociale, on notera en particulier :
Un espace de rencontre parents-enfants de 0 à 3 ans très apprécié des mamans marocaines .
Lesclasses urbaines;l’Ecole des devoirs; lesateliers etstageshebdomadaires et de vacances.
Lescinéclub, spectacles, productions,expositions; et une Galerie d’artpour les moins de 18 ansnommée=Mom’Arts;desrésidencesd’artistes.
Depuis les attentats, une attention renforcée se focalise sur la participation des adolescents, sollicités pour assurer certaines charges au cours des activités culturelles. Avec humour, motivation et beaucoup d’humanité.
Des offres culturelles de qualité sont aussi proposées au château du Karreveld ; gratuites ou peu onéreuses, elles sont accessibles à tous. Progressivement, le clivage entre les communautés s’atténue au profit d’une meilleure compréhension réciproque dans la tolérance et le respect d’autrui.
A titre d’exemple, citons le festival Bruxellons, soit plus de 11 semaines de spectacles au Château du Karreveld, dont 2 semaines de tournoi amateur ; ce concours a été gagné en 2016 par une troupe composée exclusivement d’actrices marocaines !
Beaucoup d’initiatives voient ainsi le jour, tant individuelles que communales. Tout est mis en œuvre pour cultiver les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont aussi les nôtres.
20190422-18